BYD et Alstom préparent leur entrée sur le marché français des bus électriques

A quelques semaines d’intervalles, les deux constructeurs ont dévoilé leurs intentions pour séduire les opérateurs de transport engagés à convertir une partie de leur flotte de bus à l’électrique. En ligne de mire : les premiers appels d’offres, dont celui de la RATP, qui devraient être publiés d’ici la fin de l’année.

La France est un marché à fort potentiel pour le développement des bus électriques, depuis que la loi relative à la transition énergétique de 2015 oblige les opérateurs à renouveler leur flotte de bus à partir de véhicules à faibles émissions. La définition de cette notion est très favorable à la technologie électrique.

Dans ce contexte, le constructeur chinois BYD, qui a fêté en 2016 son 10 000e bus électrique vendu dans le monde, annonce un investissement de 10 millions d’euros pour s’implanter en France. Le site retenu est situé à Allonne (Oise) dans les Hauts-de-France. Il constituera la deuxième usine de BYD en Europe, après celle ouverte récemment en Hongrie.

« Le choix de la France s’explique par le fait que le marché français des bus est le plus important en Europe. Beauvais et la Région Hauts-de-France ont été choisis en raison de la qualité du bâtiment qui nous a été proposé, de la localisation géographique idéale et de la proactivité des autorités locales et régionales », explique Isbrand Ho, le directeur Europe de BYD.

Jusqu’à 300 emplois créés en France par BYD

La Région Hauts-de-France a déroulé le tapis rouge en subventionnant à hauteur de 3 000 € chaque emploi créé, avec des conditions financières encore plus avantageuses pour les catégories de demandeurs d’emploi les plus vulnérables. BYD prévoit ainsi de créer jusqu’à 300 postes.

D’une superficie totale de 32 000 m2, le site sera constitué d’une usine d’assemblage, d’un centre logistique et d’un service dédié aux pièces détachées et à la maintenance. Elle pourrait intégrer à terme un centre de tests de batteries.

L’entrée en production des véhicules est fixée au 1er semestre 2018. BYD souhaite dans un premier temps produire 200 autobus et cars électriques par an. En donnant à sa technologie éprouvée dans de nombreuses villes une coloration Made In France, BYD lance ainsi un appel du pied aux opérateurs de transport, pour certains réticents jusqu’à lors à acheter chinois.

Le bus électrique d’Alstom testé par la RATP et Kéolis dès 2017

Dans le même temps, un autre acteur majeur du transport public entend se positionner sur le marché du bus électrique. Il s’agit d’Alstom, qui, associé à NTL, a dévoilé début mars son prototype baptisé Aptis. L’alliance explique tirer sa force de l’alliance entre le savoir-faire d’Alstom en matière de mobilité électrique et l’expérience de NTL sur le véhicule routier, et notamment le tramway sur pneus.

Cet hybride de 12m entre un tramway et un bus veut en effet se différencier en proposant une expérience différente à l’usager. Il emprunte au tram son plancher bas, adapté aux personnes à mobilité réduite, et sa vue dégagée à 360°. Pour le conducteur, Aptis promet une facilité de conduite grâce à ses 4 roues orientables.

Concernant la recharge, deux options sont ouvertes : soit en dépôt la nuit, soit au terminus avec une recharge rapide. Celle-ci peut s’effectuer par l’intermédiaire d’un pantographe inversé ou bien par sol via une technologie développée par Alstom.

Deux opérateurs se sont d’ores et déjà pressés pour expérimenter le bus. La RATP le testera pendant six mois sur ses lignes 21 (Gare Saint-Lazare-Porte de Gentilly) et 47 (Eglise de Pantin-Sevran Avenue Ronsard) au cours du second semestre. Aptis entrera en service sur la ligne Versailles-Vélizy exploitée par Kéolis dès le mois de mai pour des tests préalables, puis pour une expérimentation d’un an à partir de septembre.

La ligne desservira le Château de Versailles et le centre commercial Vélizy 2. Ce sont donc environ 1 300 voyageurs quotidiens qui pourront apprécier en avant-première la technologie Alstom-NTL. Pour Kéolis, le test servira à évaluer la recharge en dépôt et le fonctionnement du véhicule en conditions réelles d’exploitations. Un retour d’expérience précieux avant de définir les fameux appels d’offres.

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