En Angleterre, la pollution atmosphérique liée à l’automobile coûte 6 milliards de livres par an

A quelques jours de la Journée de l’Air, une étude réalisée par des chercheurs des universités britanniques d’Oxford et de Bath estime à près de 6 milliards de livres le coût annuel de la pollution automobile et pointe du doigt la forte responsabilité des véhicules diesel.

Au Royaume-Uni, la pollution atmosphérique est responsable de 40 000 décès prématurés chaque année. Une situation qui représente en moyenne six mois de durée de vie perdue par habitant et qui engendre de nombreuses dépenses en frais de santé.

Sur ces 40 000 décès, 10 000 sont directement imputables à la seule pollution automobile avec un coût estimé à près de 6 milliards de livres par an pour les contribuables britanniques. Une somme astronomique que les chercheurs des universités d’Oxford et de Bath détaillent dans une étude complète.

Le diesel cinq fois plus coûteux que l’essence

Selon les auteurs du rapport, les véhicules diesel engendrent des coûts cinq fois plus supérieurs à ceux des modèles essence. En cause : les émissions liées au dioxyde d’azote et de particules, respectivement dix et trois fois plus nombreuses que celle d’un équivalent essence. Le diesel est également 20 fois plus coûteux qu’une voiture électrique qui, si elle n’émet aucun gaz à l’échappement, reste émettrice de particules liées à l’usure des pneumatiques et au freinage.

Compte tenu du parc roulant en Angleterre, où le diesel représente 38 % des voitures particulières et 96 % des utilitaires, l’étude estime que les émissions liées au diesel seraient responsables de 4 décès sur 5. S’intéressant également au coût par véhicule diesel, l’étude estime à 258 livres par an les dépenses pour une voiture particulière et à 593 livres pour un utilitaire. A titre de comparaison, une voiture électrique ne représente qu’un coût de 13 livres chaque année. En se basant sur le parc actuel, le coût moyen d’une voiture, toutes énergies confondues et sur l’ensemble de sa durée de vie (14 ans), est de 1 640 livres et celui d’un utilitaire, à la durée de vie plus courte (9 ans), de 5 107 livres sterling.

Une situation encore plus préoccupante dans les grandes villes où le nombre de véhicules en circulation provoque de fortes concentrations d’émissions nocives. Dans le centre de Londres par exemple, les coûts de santé sur l’ensemble de la durée de vie des voitures et utilitaires essence s’élèvent respectivement à 7 714 et 24 004 livres. Pour les voitures et utilitaires diesel, les coûts sont encore plus élevés : respectivement 16 424 et 24 555 livres. A contrario, les véhicules électriques affichent la meilleure performance avec un coût de 827 livres pour les voitures et de 1443 livres pour les utilitaires.

Changer les mentalités

Pour les auteurs du rapport, il y a urgence à sortir du diesel et à développer l’usage des modèles électriques. Le remplacement d’un million de voiture diesel permettrait ainsi d’économiser plus de 360 millions de livres en frais de santé.

Une transition technologique qui doit également s’accompagner d’un changement des mentalités et des habitudes de chacun pour apprendre à laisser sa voiture au garage. Le rapport estime ainsi que si un quart des trajets était réalisé à pied ou en vélo, cela permettrait d’économiser plus de 1,1 milliard de livres chaque année.

« Cela démontre l’impact que des choix individuels peuvent avoir » a souligné Chris Large de Global Action Plan, une ONG spécialisée dans le changement des comportements. Cette dernière compte sur le gouvernement britannique pour utiliser la Journée de l’Air, prévue le 21 juin, comme un « tremplin » pour le lancement d’une vaste campagne publique sur la qualité de l’air. D’après les calculs de l’ONG, la pollution liée au transport couterait en moyenne 605 millions de livres par an à Londres et 150 millions à Birmingham.

« Nous connaissons à présent les impacts sur la santé de la pollution de l’air et les arguments économiques pour nettoyer l’air que nous respirons ont été mis à nu » a renchéri Alison Cook de la British Lung Foundation, une organisation caritative pour les maladies pulmonaires. « La mauvaise qualité de l’air est liée au cancer du poumon et aux maladies cardiaques et respiratoires. Si ce n’est pas une preuve suffisante qu’il nous faut une action urgente, le coût financier de la pollution de l’air pour la société devrait l’être » a-t-elle ajouté.

Une étude qui a également provoqué un véritable séisme dans la sphère politique. « La pollution de l’air a été à des niveaux illégaux pendant des années sous ce gouvernement conservateur et nous connaissons à présent le vrai coût de leur inaction pour le NHS (système de santé britannique ndlr) », a dénoncé Sue Hayman, secrétaire à l’Environnement des Travaillistes, estimant que le gouvernement n’avait pas pris de « mesures décisives et rapides » pour faire face à « l’urgence de santé publique ».

Crédits : droits réservés