Une étude rappelle l’importance des véhicules électriques au sein des smartgrids

Selon un nouveau rapport britannique, le coût annuel de l’intégration des véhicules électriques au sein des réseaux pourrait être réduit de près de moitié d’ici 2030 sous réserve de recourir à la charge intelligente et au vehicle-to-grid.

Alors que l’Angleterre a acté à l’été 2017 sa sortie des énergies fossiles à horizon 2040, l’étude de WWF met en lumière le coût de cette transition sur le plan énergétique en s’appuyant sur deux scénarii. Dans le premier, l’arrêt du thermique reste fixé à 2040 avec une flotte estimée à 13 millions de véhicules électriques en 2030. Le second repose sur une politique plus volontariste où l’interdiction intervient dix ans plus tôt et permet de porter la flotte à 20 millions de véhicules électriques en 2030.

Si les deux scénarii nécessitent une augmentation conséquente de la production énergétique, les auteurs du rapport soulignent que le recours au « smart-charging » permettrait de réduire la capacité nécessaire de 11 GW dans le premier scénario et de 15 GW dans le second. Jouant également un rôle essentiel, la technologie V2G permettrait de réduire la capacité de 2 GW dans les deux cas de figure.

« L’électrification du transport léger pourrait entraîner des coûts importants pour le réseau d’électricité si elle n’est pas gérée » préviennent les auteurs du rapport qui citent une étude de National Grid, estimant que les pics de consommation liés aux véhicules électriques pourraient passer de 6 à 18 GW sans recharge régulée.

En termes de coûts, les résultats de l’étude mettent en exergue les économies liées au smartgrid. Alors que le coût annuel est estimé à 2,5 milliards de livres dans le scénario 2040 et à 3,9 milliards dans le scénario 2030 en recharge « standard », les auteurs du rapport estiment que la charge intelligente permettrait une réduction de 42 %, soit des économies respectives de 1,1 et 1,6 milliard de livres. Avec la combinaison entre charge intelligente et technologie V2G, les économies seraient portées à 49 %, soit respectivement 1,2 et 1,8 milliard. L’étude démontre également que le coût lié à l’intégration des véhicules électriques serait même moins élevé dans le scénario 2030, soit 2,2 milliards de livres par an contre 2,5 milliards pour le scénario 2040.

L’enjeu du V2G

Si elle reste aujourd’hui principalement expérimentale, la technologie V2G se révèle particulièrement prometteuse. Son développement nécessitera toutefois une bonne coordination entre le gouvernement et l’industrie, notamment sur la partie normalisation et exploitation des équipements. A cela s’ajoute la nécessaire acceptation des usagers.

Sur ce point, les économies réalisées pourraient constituer un levier important pour encourager le grand public à adopter la solution. Alors que la facture énergétique annuelle moyenne d’un propriétaire de véhicule électrique s’élève à 175 £ avec de la charge standard, contre 800 £ par an pour une voiture essence, les coûts seraient respectivement réduits à 100 et 90 £ en cas de recours au smartgrid et au V2G.

Des batteries de seconde vie pour équilibrer le réseau

Le passage à l’électrique ouvre la perspective d’un grand volume de batteries qui, une fois arrivées en fin de vie, pourront être réutilisées comme solution de stockage stationnaire. En pratique, le volume et la disponibilité de ces batteries sera intimement lié au développement du marché de l’électromobilité et à leur durée de vie à bord des véhicules. A l’horizon 2040, les auteurs estiment à 18 GW la capacité issue des batteries de seconde vie et à 66 GW en 2050. Une capacité qui pourrait même aller au-delà des besoins du réseau électrique britannique, ouvrant la voie à une filière pour l’export.

Pour les auteurs du rapport, cette réutilisation s’avère toutefois incertaine. Elle dépendra de l’état de dégradation des batteries arrivées en fin de vie mais aussi du coût de la technologie sur un marché où les batteries neuves se révèlent de plus en plus abordables.

Pour que cette réutilisation soit viable, les batteries devront durer environ 10 ans en plus de leur durée de vie à bord des véhicules (13 ans), soit 23 ans au total avec un coût au moins 25 % inférieur à celui d’une nouvelle batterie.

« Des innovations sont nécessaires pour atteindre une durée de vie maximale et un coût de réaffectation minimal » souligne le rapport qui chiffrent la valorisation potentielle de cette filière à 250 millions de livres en 2040 et à un milliard de livres en 2050 selon le « scénario 2040 ». En se basant sur le scénario 2030, la valorisation atteindrait 400 millions en 2040 et 1,3 milliard en 2050.

Crédits : Nissan