Mobilité électrique en Pologne : un marché à grand potentiel

L’Avere-France et Business France ont organisé un petit-déjeuner pour présenter les enjeux et les opportunités du marché polonais. Chiffres-clés, lois pour la mobilité électrique… les adhérents de l’Avere-France ont pu aborder tous les sujets relatifs à ce marché en fort développement !

La Pologne représente le premier marché d’Europe centrale, avec près de 38 millions d’habitants. On y retrouve une configuration « à la Française » avec 60 % de la population concentré dans six villes principales d’au moins 500 000 habitants. Cette structuration a joué un rôle d’importance dans l’élaboration des lois sur la mobilité électrique.

Avec un taux de chômage de 4,2 % selon Eurostat, la Pologne manque de main d’œuvre ! En effet, peu de Polonais partis à l’étranger reviennent ensuite dans leur pays. Le salaire brut moyen y est d’ailleurs de 1 000 euros mensuels, soit deux fois le salaire minimum local. Les métiers peu qualifiés sont majoritairement pourvus par des Ukrainiens.

Une économie croissante

La Pologne est une nation en croissance continue depuis 12 ans. En 2008, alors que la crise financière touchait de nombreux pays, la croissance économique de la Pologne grimpait de + 4,6 % !

Bien que la croissance du pays soit portée par les fonds européens (72 milliards d’euros entre 2008 et 2014, 83 milliards entre 2014 et 2020), les investissements étrangers sont en hausse depuis 2004, année d’entrée de la Pologne dans l’Union Européenne. Second facteur de croissance, ils représentent aujourd’hui 170 milliards d’euros. L’Allemagne est le premier investisseur étranger en Pologne avec 28 milliards d’euros. La France arrive en quatrième place avec près de 21 milliards investis, soit 250 000 emplois environ au sein d’un millier d’entreprises.

Les échanges internationaux représentent également un levier important pour l’économie polonaise, puisque le pays exporte chaque année pour plus de 9 milliards d’euros. Dans l’autre sens, les importations françaises valent près de 8 milliards d’euros.

Un parc automobile grandissant

Le marché automobile polonais pèse aujourd’hui 36 milliards d’euros, soit 8 % du PIB, et ce en l’absence de constructeurs nationaux.

18,7 millions de véhicules (53 % roulant à l’essence) circulent sur les routes polonaises, avec un âge moyen de 14 ans (contre 8 ans en France). En 2017, 542 000 immatriculations de voitures de tourisme neuves ont été enregistrées, un chiffre en hausse de 14 % par rapport à 2016. Le véhicule de fonction est un élément majeur de la rémunération en Pologne afin de fidéliser le salarié : 67 % des nouvelles immatriculations de 2017 l’ont été dans ce cadre.

Le Pologne est un grand importateur de véhicules d’occasion : en 2016, plus d’un million de modèles roulant majoritairement au diesel sont venus principalement d’Allemagne, de Belgique et de France.

La population urbaine est bien motorisée : à Varsovie par exemple, on dénombre 600 voitures pour 1 000 habitants, soit deux fois plus qu’à Berlin. Alors que 60 % de la pollution atmosphérique provient des automobiles en circulation, le gouvernement a souhaité développer des alternatives à la possession d’un véhicule polluant.

Développer une mobilité plus propre

Le mix énergétique polonais est malheureusement très carboné puisque 80 % de la production provient de mines de charbon. Le pays commence cependant à fermer des mines et un projet éolien offshore d’un montant de 2,4 milliards d’euros est à l’étude.

Les services d’autopartage se développent fortement bien que le marché soit récent : en décembre, 2 000 véhicules partagés étaient en circulation contre 1 000 six mois plus tôt. Traficar, l’un des leaders du secteur, propose par exemple 700 véhicules à ses 40 000 clients. De grandes entreprises comme Ikea mettent en place des systèmes d’autopartage pour leurs clients et elles sont de plus en plus nombreuses à demander des modèles hybrides ou électriques.

La mobilité électrique en action

Pour accompagner l’acquisition de véhicules électriques, les autorités locales ont d’abord fait le choix de déployer des points de charge. Aujourd’hui, le parc automobile électrifié national n’est que de 2 000 unités (en 2017, 585 nouveaux hybrides rechargeables et 439 électriques) mais les Polonais sont prêts à passer à l’électrique. Ainsi, un Polonais sur cinq et une entreprise sur trois envisage de se doter d’un véhicule électrique et 73 % de la population est ouverte à l’achat d’une automobile à faibles émissions.

Plusieurs lois en faveur du développement de l’électromobilité ont été votée, afin d’inciter les particuliers, les collectivités et les entreprises à s’équiper de véhicules à faibles émissions. Deux programmes gouvernementaux sont ainsi prévus par la loi : le développement de la mobilité électrique avec un budget acquis de cinq milliards d’euros, et un plan pour la ville durable (18 milliards d’euros) incluant le transport à faibles émissions. L’objectif fixé est ambitieux puisque le gouvernement souhaite voir circuler 70 000 véhicules électriques d’ici à 2020 et vise le million d’unités d’ici à 2025.

Pour y arriver, les conducteurs de modèles à faibles émissions bénéficient de plusieurs avantages : aide à l’acquisition de points de charge et exemption de droits d’accise lors de l’achat d’un véhicule, gratuité du stationnement et possibilité de circuler dans les voies réservées aux bus. Les pouvoirs publics se veulent exemplaires puisque 50 % des flottes de l’administration centrale et du gouvernement devront être électriques en 2025. Cette part est abaissée à 30 % pour des communes de plus de 50 000 habitants.

La mise en production de bus électriques représente une opportunité exceptionnelle pour la Pologne, puisque le pays ambitionne de produire 1 000 bus électriques par an, soit un marché représentant 625 millions d’euros chaque année. Aujourd’hui, 31 bus électriques Solaris et Volvo sont déjà en circulation, avec recharge au dépôt. Dans le cadre du programme e-bus, 780 nouveaux bus électriques vont être répartis dans une quarantaine de communes d’ici à 2021, et les villes de plus de 50 000 habitants devront électrifier 20 % de leur flotte.

Des nombreuses opportunités de recharge à venir

Pour accompagner cette hausse prévue du nombre d’automobiles électriques en circulation, le gouvernement a mis en place un plan de déploiement d’infrastructures de recharge ambitieux, alors que seules 350 bornes sont aujourd’hui disponibles. Ainsi, d’ici 2021, toutes les communes de plus de 100 000 habitants devront proposer au moins 60 bornes, et celles dépassant le million d’habitants devront en disposer d’au moins 1 000. Le Ministère de l’Energie espère ainsi voir apparaitre 6 000 stations de recharge normale et 400 rapides sur l’ensemble du territoire d’ici 2020.

Divers réseaux privés commencent à voir le jour sur les routes polonaises. Greenway Infrastructure par exemple vise l’installation de 200 bornes, dont 135 rapides et 10 à haute puissance. Un appel d’offres est d’ailleurs en cours pour ces dernières, avec une mise en service attendue en 2019. Les distributeurs de carburants investissent également dans la recharge, principalement rapide et à haute puissance : Shell a ainsi prévu 423 bornes au cours des prochaines années. L’alliance « Electromobility Poland » réunit quatre énergéticiens pour construire et gérer les infrastructures de recharge pour le compte des collectivités, et propose aussi un système de leasing pour les bornes. Le fabricant de meubles Ikea s’appuie sur un opérateur-tiers pour installer des points de charge sur ses parkings.

Enfin, pour atteindre cet objectif, les collectivités et les entreprises peuvent bénéficier de financements de la part du pays et de l’Union Européenne dans le cadre du programme Connecting Europe Facility, dont bénéficie entre autres Greenway Infrastructure. Alors que tous les voyants sont au vert dans ce pays prêt à s’électrifier, un seul mot d’ordre : foncez !

Illustrations : Business France