Voitures électriques : le prix des batteries a chuté de 80 % en 6 ans

Alors qu’elle constitue toujours le principal enjeu du véhicule électrique, la batterie tend à devenir de plus en plus abordable. Grâce aux investissements réalisés par les fabricants et à l’explosion du marché des véhicules électriques à travers le monde, dont les ventes sont passées de 4000 unités en 2010 à plus de 500.000 en 2016, le coût lié aux batteries a diminué de 80 % en six ans selon une étude du cabinet McKinsey.

Selon McKinsey, le prix moyen d’une batterie est passé d’environ 1000 $/kWh en 2010 à 227 $/kWh en 2016. D’ici à la fin de la décennie, son prix pourrait même passer sous la barre des 200 $ du kWh. Un objectif que pourrait déjà avoir atteint Tesla grâce à sa Gigafactory. Début 2016, le constructeur déjà avoir atteint un prix de l’ordre de 190 $/kWh pour les batteries qui équiperont sa future Model 3.

Point d’équilibre entre 2025 et 2030

Pour les constructeurs, l’enjeu est essentiel puisqu’il s’agit de parvenir à proposer des véhicules électriques compétitifs par rapport leurs homologues thermiques. Et si le prix des batteries continuera à diminuer dans les années à venir pour rendre les véhicules électriques toujours plus abordables, le point d’équilibre avec le thermique ne pourra être atteint avant 2025 ou 2030, date à laquelle le prix des batteries pourrait passer sous la barre symbolique des 100 $/kWh.

Une évolution lente expliquée par les évolutions technologies permanentes de l’offre électrique. Car si les prix des batteries tendent à diminuer, les constructeurs n’ont de cesse d’accroitre la taille des packs pour augmenter l’autonomie. Pour un pack de 60 kWh, il faut compter 13.600 $ rappelle l’étude de McKinsey. Un prix auquel s’ajoutent tous les coûts liés aux autres composants spécifiques du véhicule électrique : chargeur, contrôleur, moteur etc…

Des conducteurs à convaincre…

Côté du grand public, l’étude note qu’un important travail reste à faire. Selon un sondage réalisé en Allemagne et aux Etats-Unis, 30 à 45 % des conducteurs considèrent l’acquisition d’un véhicule électrique mais moins de 5 % sont véritablement prêts à passer à l’acte d’achat. Certains pays font toutefois exception comme la Norvège où les importants dispositifs incitatifs rendent l’électrique très populaire avec 22 % des sondés prêts à franchir le pas. Idem en Chine où les dispositifs d’aides sont de plus en plus importants. Alors qu’ils n’étaient que 8 % en 2011, les conducteurs chinois sont désormais plus de 20 % en 2016 à être intéressés par la technologie électrique ou hybride rechargeable.

Selon les analystes de McKinsey, de la pédagogie reste également à faire pour lever certaines barrières. Si des problématiques telles que le prix d’acquisition, les infrastructures de charge ou l’autonomie restent davantage liées à la technologie des véhicules, d’autres pourrait être levées plus facilement. C’est notamment le cas des interrogations liées aux coûts de maintenance, aux performances et à la prise en main des véhicules électriques qui nécessitent certains éclaircissements.

Quant à ceux qui ont déjà franchis le pas de l’électrique, l’étude de McKinsey note un changement de perception. Alors qu’ils mettaient plutôt en avant les avantages écologiques lors d’une étude menée en 2010, une nouvelle enquête datant de 2016 laisse apparaitre de nouveaux éléments comme le plaisir de conduite, les performances, les économies réalisées sur la maintenance ou l’absence de passage à la pompe. Sur ce point, l’arrivée de modèles plus ludiques comme ceux commercialisés par Tesla ont permis de donner une image à la fois plus jeune et dynamique à la voiture électrique.

… et une offre à construire

Si les autorités se doivent de favoriser la filière avec un cadre incitatif, les constructeurs ont également un rôle à jouer dans cette transition. Celle-ci passe par la diversification de l’offre qui pourrait être étendue de nouveaux segments comme les véhicules électriques citadins qui pourraient représenter la prochaine étape vers l’adoption massive du véhicule électrique. Sans nécessiter de forte autonomie, ils disposent d’un large potentiel dans les zones soumises à des restrictions de circulation. Selon McKinsey, les déplacements quotidiens n’excèdent pas les 40 à 50 kilomètres dans les zones urbaines qui pourraient être le terrain de jeu idéal d’une nouvelle offre électromobile.

Pour tous les autres conducteurs, que McKinsey présente comme un « troisième horizon », ce n’est qu’à plus long terme qu’ils pourront être convaincus puisqu’il s’agira d’offrir des véhicules électriques aux performances similaires à celles des voitures thermiques conventionnelles.

L’enjeu de l’infrastructure

Le développement des infrastructures de charge représente également un enjeu important. Selon McKinsey, les bornes de recharge pourraient connaitre un développement exponentiel au cours des prochaines années grâce à l’investissement des constructeurs.

Une fois n’est pas coutume, la réglementation impulserait cette transition. Car avec les nouvelles d’émissions européennes qui entreront en vigueur en 2020, les constructeurs auront tout à gagner à investir dans le réseau de charge pour doper leurs ventes de véhicules « zéro émission » plutôt que d’avoir à payer de lourdes amendes s’ils ne parviennent à atteindre leurs objectifs en termes d’émissions de CO2.

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