Allemagne : les perspectives de la voiture électrique et de la charge à horizon 2050

Analysant l’évolution des véhicules à motorisations alternatives d’ici à 2050, l’étude de l’association européenne du climat estime que la montée en puissance de l’électrique interviendra à compter de 2030. Une transition qui impliquera la mise en place de dispositifs de charge intelligents.

Publiée ce mois d’octobre, l’étude de l’association européenne du climat (ECF) estime que la part de marché de l’électrique en Allemagne ne franchira pas les 10 % avant 2030. Une date à laquelle les prix des voitures électriques commenceront à converger avec ceux des véhicules thermiques. A horizon 2050, le rapport prévoit que l’électrique représente une partie écrasante des véhicules immatriculés avec une part de marché de 69 %. A cette date, les véhicules thermiques auront totalement disparu des ventes tandis que l’hydrogène sera la seconde énergie la plus populaire avec 25 % de parts de marché.

En termes d’émissions, l’avènement de la voiture électrique aura évidemment des conséquences bénéfiques sur l’environnement. Les émissions liées au CO2 passeront de 50 MT en 2017 à 12 MT en 2050 tandis que les émissions de particules seront divisées par 10, passant de 5000 tonnes par an en 2017 à moins de 500 tonnes en 2050.

Infrastructures de charge : 1000 points de charge rapide d’ici 2020

Alors que l’Allemagne ne compte aujourd’hui qu’une borne de recharge pour 53 000 habitants selon le média allemand Süddeutsche Zeitung, d’importants investissements seront nécessaires pour accompagner cette transition.

En termes de dimensionnement, l’étude se base sur un principe d’une station à charge rapide installée tous les 50 km. Alors que l’Allemagne compte aujourd’hui près de 13 000 km d’autoroutes et 40 000 km de nationales, cela équivaudrait à la mise en place de 1 300 sites de charge, dont 500 localisés sur les aires d’autoroutes.

En se basant sur la montée en puissance progressive de l’électrique, les auteurs du rapport tablent sur un minimum de 1 000 points de charge rapide à déployer d’ici à 2020 avec un ratio idéal de 200 véhicules par borne pour éviter les effets de « bouchons » lors de la charge.

Au total, 8 milliards d’euros seront nécessaires à la construction du réseau d’ici à 2030 voire 20 milliards si la part de marché de l’électrique augmente plus rapidement que prévu. « De tels chiffres peuvent paraitre trop élevés mais doivent être remis dans le contexte allemand dont la nouvelle feuille de route liée aux infrastructures projette 270 milliards d’investissements d’ici à 2030 » notent les auteurs du rapport.

L’enjeu du Smart-Charging

En plus du déploiement des infrastructures s’ajoutent les coûts liés au renforcement du réseau électrique. Alors que l’étude prévoit 5,7 millions de véhicules électriques en circulation d’ici 2030 et 25,4 millions en 2050, la demande de puissance respective serait de 5,5 et 21 GW. Une valeur significative par rapport aux 65 GW actuel de capacité du réseau électrique allemand qui place le « smart charging » comme une évidence. Au lieu des 21 GW annoncés, les dispositifs de charge dits « intelligents » permettraient de limiter la demande supplémentaire à seulement 3 GW. De quoi réduire fortement les coûts de renforcement pour les opérateurs.

Selon le rapport, les gestionnaires de réseaux allemands auraient à dépenser 350 millions d’euros par an d’ici 2030 pour renforcer le réseau si la charge des véhicules électriques n’est pas « gérée ». A l’inverse, si des dispositifs de charge intelligente sont mis en œuvre, les avantages fournis au réseau l’emporteraient sur les coûts liés au renforcement, conduisant à un avantage net de 140 millions d’euros par an en 2030. D’ici à 2050, l’avantage de la recharge intelligente serait d’environ 110 millions d’euros par an contre 1 350 millions d’euros par an pour un système « non géré ».

Des propriétaires à convaincre

« La charge intelligente ne peut être réalisée si le propriétaire n’est pas convaincu » avertit l’étude qui invite autorités et opérateurs à mettre en place des mécanismes incitatifs et de nouveaux services pour encourager les utilisateurs à adopter le système.

Sur le plan financier, le « smart charging » est intéressant pour l’utilisateur. Il permettrait à chaque propriétaire d’économiser 100 € par an en 2030 et 80 € en 2050 selon les conclusions du rapport. En cas d’utilisation d’un dispositif de charge dit « bi-directionnel », l’intérêt financier serait encore plus important. Jusqu’à 390 € par an pour un dispositif en 3 kW, soit 140 € de bénéfice net une fois déduit le surcoût lié à l’installation du dispositif. Un bénéfice qui pourrait être plus important avec des systèmes en 7 ou 10 kW.

Crédits : ECF