Poids-lourds : Daimler met le cap sur l’électrique et l’hydrogène

A l’occasion d’un événement organisé à Berlin, le groupe Daimler a révélé une série d’innovations pour la mobilité lourde. Un domaine dans lequel le constructeur souhaite jouer sur la complémentarité entre électricité et hydrogène.

Entre la multiplication des ZFE et l’arrivée en 2025 des premiers quotas CO2 européens, les constructeurs de poids-lourds multiplient les annonces. Chez Daimler Trucks, la stratégie d’électrification vient d’être officialisée lors d’un grand événement organisé à Berlin. Elle sera concentrée sur deux grandes technologies : l’électrique à batteries et l’hydrogène.

« Cette combinaison nous permet d’offrir à nos clients les meilleures options de véhicules, en fonction de l’application » justifie Martin Daum, PDG de Daimler Truck. « La batterie sera plutôt utilisée pour les camions à faibles tonnages et les distances les plus courtes. La pile à combustible aura tendance à être l’option préférée pour les charges plus lourdes et les longues distances. » continue-t-il d’expliquer.

De l’électrique pour la distribution urbaine

Déjà annoncé, le Mercedes eActros sera le premier camion 100 % électrique du groupe. Doté d’une batterie de 240 kWh, il offrira 200 km d’autonomie en une seule charge. Outre cette version de base, l’arrivée d’une déclinaison à « grande autonomie » a également été annoncée par la marque. Baptisée eActros LongHaul, celle-ci entamera sa production en 2024. Elle pourra parcourir environ 500 kilomètres en une seule charge.

Si le constructeur ne donne pas d’indication quant à la capacité batterie embarquée à bord du Mercedes eActros LongHaul, il détaille sa vision autour de l’utilisation de son poids-lourd électrique. En Europe, les chauffeurs ont l’obligation de faire une pause de 45 minutes après 4h30 de conduite. Pour Daimler, cet arrêt réglementaire devra être mis à contribution pour recharger les batteries. Encore une fois, l’écosystème jouera un rôle central. Le constructeur suggère ainsi la mise en place d’un réseau à charge rapide. Dimensionné pour les poids-lourds, celui-ci devra être déployé dans les dépôts des transporteurs et le long des autoroutes. Une stratégie que préconisait également une récente étude de Transport & Environnement dédiée aux poids-lourds.

De l’hydrogène liquide pour la longue distance

Si Daimler compte privilégier l’électrique à batteries pour son offre urbaine, il s’orientera davantage vers l’hydrogène pour ses tracteurs routiers. A Berlin, le constructeur a également présenté le Mercedes GenH2, un concept préfigurant un futur camion à hydrogène de série.

Stocké à l’état gazeux sur les véhicules légers, cet hydrogène sera ici utilisé sous sa forme liquéfiée. Refroidi à -253°C, il offre l’avantage d’une densité énergétique beaucoup plus importante. Une façon de répondre à deux contraintes. Celle de l’encombrement des réservoirs et celle de l’autonomie, ici annoncée à 1000 kilomètres avec un plein.

Entrainé par deux moteurs électriques développant jusqu’à 330 kW de puissance, le Mercedes GenH2 est équipé de deux piles à combustibles de 150 kW. Ces dernières sont alimentées par deux réservoirs embarquant chacun 40 kilos d’hydrogène liquide. Dernière pièce de cette architecture complexe : une batterie de 70 kWh développant jusqu’à 400 kW de puissance. Faisant office de stockage tampon, celle-ci permettra d’apporter un complément de puissance en cas de forte sollicitation des moteurs.

Daimler prévoit de débuter les premiers tests de son camion à hydrogène en 2023. Une étape préliminaire au lancement d’une production en grande série attendue dans la seconde moitié de la décennie.

Un soutien nécessaire

S’il met résolument le cap sur une électrification massive de sa gamme, Daimler a également souligné les enjeux politiques d’une telle transition. Pour Daimler, la présentation des spécifications techniques de ses futurs poids-lourds doit permettre de définir dès à présent les exigences, notamment en matière d’infrastructures.

« Il appartient désormais aux politiciens, aux autres acteurs et à la société dans son ensemble de mettre en place les bonnes conditions » a déclaré Daum, s’adressant à Andreas Scheuer, le ministre fédéral allemand des Transports, présent lors de l’événement.