Emmanuel Macron présente son plan pour développer la mobilité électrique

A l’occasion du centenaire de l’Organisation Internationale des Constructeurs Automobiles, Emmanuel Macron a dévoilé l’ambition française pour le développement de la mobilité électrique. Plusieurs mesures, dont certaines portées de longue date par l’Avere-France, ont ainsi été annoncées pour accompagner la filière et lever les freins au cours des prochaines années.

Devant les professionnels du secteur automobile, Emmanuel Macron a présenté « l’un des plans les plus ambitieux pour la transformation de la filière ». Reprenant les résultats du rapport pour l’automobile du futur commandité à l’automne dernier ainsi que plusieurs propositions portées par l’Avere-France, le Président a présenté différentes mesures pour « accélérer la transition vers les voitures électriques » et faire de la France un acteur incontournable du secteur à l’échelle mondiale. L’objectif visé étant d’atteindre le million de véhicules rechargeables, dont 600 000 électriques, en 2022.

Faciliter l’électrification des flottes de véhicules professionnels pour accélérer la massification de la mobilité électrique

Alors qu’un véhicule neuf sur deux est acheté par une entreprise, faciliter leur passage à l’électrique va permettre d’alimenter le marché de l’occasion à moyen terme et offrir des véhicules électriques à des prix plus accessibles pour le marché de masse. Pour ce faire, plusieurs mesures identifiées de longue date par l’Avere-France comme étant des freins majeurs à l’électrification des flottes professionnelles ont été annoncées.

Tout d’abord, la possibilité pour une entreprise d’offrir la recharge à ses employés est préconisée par le rapport. Sans la rendre obligatoire, elle permet à l’employeur de pouvoir le faire dans un cadre légal clair. Ceci permettra aussi de limiter les coûts d’investissement de l’entreprise pour l’installation des bornes de recharge au travail en évitant par exemple de mettre en place un système de sous comptage individuel.

Du côté des véhicules de fonction, une décote pourrait être appliquée sur le prix du modèle électrique afin de l’égaliser avec celui d’un véhicule thermique. En effet, en l’état, les salariés ne sont pas incités à choisir une voiture électrique de fonction car l’avantage en nature à déclarer aux impôts est beaucoup plus élevé à modèles équivalents pour un électrique.

Ces dispositifs devraient être intégrés à l’arrêté du 10 décembre 2002 relatif à l’évaluation des avantages en nature en vue du calcul des cotisations de sécurité sociale au cours des prochaines semaines.

Par ailleurs, concernant les flottes publiques, le gouvernement souhaite que les collectivités territoriales et les services de l’Etat soient mis à contribution et se présentent comme exemplaires. Ainsi, 50 % des parcs roulants publics devraient être à faibles émissions d’ici trois ans, alors que les modèles rechargeables ne représentent aujourd’hui que 15 % des véhicules utilisés.

De l’importance de la communication et de la pédagogie – Portail du Véhicule Electrique

Dans son discours, le Président a rappelé l’importance du Portail du Véhicule Electrique dans le passage à l’électrique, afin de lever les freins et répondre aux interrogations des Français. Cet outil d’information pédagogique, porté par l’Avere-France avec le soutien de la filière électromobile, des collectivités territoriales et du Ministère de la Transition Ecologique et Solidaire, verra ainsi le jour en mai prochain.

Poursuivre le soutien à la filière avec le maintien du bonus écologique au moins jusqu’en 2022

Pour accompagner la croissance des ventes de véhicules électriques en France, Emmanuel Macron a également annoncé que le bonus écologique serait reconduit en 2020 et pour les années suivantes.

Cette trajectoire pluriannuelle du bonus pour les véhicules à faibles émissions est en effet nécessaire le temps que l’industrie puisse réaliser des économies d’échelle sur la production au passage à l’électrique et devrait contribuer à limiter le frein à l’achat lié au différentiel de prix.

L’Avere-France se félicite de cette visibilité donnée aux acteurs de la filière et rappelle l’importance de s’assurer que les dispositifs d’aides permettent bien de neutraliser l’écart de prix à l’achat entre un véhicule électrique et son équivalent thermique. D’ailleurs, avec l’arrivée sur le marché de nouveaux modèles sur l’ensemble des catégories de véhicules, le gouvernement vise un coût total de possession équivalent entre modèles thermiques et électriques neufs dès le 1er janvier 2020.

Le développement d’une offre française de bennes à ordures ménagères électriques est également à l’étude, puisque l’état va financer à hauteur de 3 millions d’euros le projet « BOM ZE ». Grâce à trois prototypes, celui-ci mesurera la viabilité économique de ces véhicules propices à une électrification.

Faciliter le déploiement des points de recharge : ADVENIR plébiscité pour aider au financement du maillage du territoire

La question de la recharge a également été abordée. Concernant la recharge à domicile dans les immeubles collectifs, le délai de réponse de la copropriété suite à une demande de droit à la prise en assemblée générale devrait être réduit, passant de six à trois mois.

Sur la recharge en itinérance, les objectifs du Contrat Stratégique de Filière ont été confirmés puisque 100 000 points de recharge sont attendus en 2022 pour alimenter le million de véhicules rechargeables estimé sur les routes de l’hexagone. Afin de les rendre plus visibles, une carte publique répertoriant toutes les bornes de recharge ouvertes au public devrait être mise en place en 2020.

Le rapport invite également à renforcer les mesures financières pour l’installation de points de recharge principaux, qu’ils soient situés au domicile ou sur le lieu de travail. Ainsi, le programme des Certificats d’Economie d’Energie ADVENIR, qui participe au financement des points de recharge ouverts au public ou installés dans des immeubles d’habitation, pourrait être renouvelé en 2021.

De plus, le projet « Inifini Drive », dédié aux flottes captives et qui vise à concevoir un standard de communication entre le véhicule, la borne de recharge et le réseau électrique, sera financé à hauteur de 3,4 millions d’euros.

Des avantages à l’utilisation pour les véhicules électriques

Plusieurs bénéfices à l’usage ont également été avancés par Emmanuel Macron. Prévues dans le projet de loi d’orientation des mobilités, des dispositifs de gratuité du stationnement des modèles à faibles émissions devraient voir le jour, tout comme la possibilité pour les collectivités locales de mettre en place des voies de circulation réservées. Bien que cela peut paraitre anecdotique, ces avantages ont fait leurs preuves à l’étranger comme en Norvège ou en Californie.

Accélération des Investissements côté constructeurs, et 700 millions d’euros débloqués par l’Etat pour l’alliance franco-allemande de la batterie

Au cours des derniers mois, les constructeurs automobiles ont annoncé plusieurs investissements majeurs pour le développement de la mobilité électrique :

  • Renault va engager un milliard d’euros pour moderniser ses trois sites de production français situés à Flins, Cléon et Maubeuge et également développer une nouvelle plateforme commune à l’Alliance et dédiée aux modèles électriques ;
  • Le Groupe PSA va investir avec l’entreprise japonaise NIDEC pour produire des moteurs électriques dans l’hexagone ;
  • Daimler prévoit d’investir 500 millions d’euros sur le site de Hambach pour produire le premier véhicule 100 % électrique de sa filiale Mercedes-Benz.

Du côté du gouvernement, le projet « d’Airbus de la batterie » continue de prendre forme après l’accord stratégique de coopération signé en fin d’année avec la Commission européenne.

« En tant que Président de la France, je ne peux pas être satisfait d’une solution où 100 % des batteries de mes voitures électriques sont produites en Asie ».C’est avec ces mots qu’Emmanuel Macron a annoncé un investissement de 700 millions d’euros au cours des cinq prochaines années pour le développement d’une filière européenne de la batterie aux côtés de l’Allemagne, qui va de son côté investir 1,12 milliard d’euros. L’objectif affiché est bien de rivaliser avec l’industrie asiatique qui occupe aujourd’hui une grande place dans le secteur, tout en créant de la valeur sur le territoire communautaire. Dans le cadre de ce consortium dédié à la recherche et à la production de batteries de stockage, deux usines devraient voir le jour, l’une en France et l’autre outre-Rhin.

Enfin, un démonstrateur industriel de traitement et de valorisation des batteries au lithium permettra de recycler et de valoriser les batteries des véhicules électriques. Il sera financé par la force publique à hauteur de 2,7 millions d’euros.

Le recyclage des batteries est en effet un enjeu identifié comme majeur afin de :

  • Limiter l’impact écologique de la phase de fabrication ;
  • Sécuriser l’accès aux matières premières ;
  • Réduire la dépendance de l’industrie vis-à-vis des pays tiers.