L’Afhypac publie son guide pour le déploiement des bus électriques à hydrogène

Le guide publié par l’Afhypac, l’association française pour l’hydrogène et les piles à combustible, et Mobilité Hydrogène France vise à définir les conditions d’entrée sur le marché des bus électriques à hydrogène. Une initiative pertinente malgré quelques hypothèses à affiner.

Dimensionnement, infrastructures d’avitaillement, offre disponible sur le marché, contraintes réglementaires, coûts à envisager, besoin en termes de formation du personnel… Les questions sont nombreuses pour les collectivités et les exploitants des transports publics envisageant de se tourner vers les bus électriques à hydrogène.

Structuré sous la forme d’une liste de questions-réponses réparties en plusieurs grandes rubriques, le livre blanc « Comment déployer des bus électriques à hydrogène en France ? » rédigé par l’Afhypac et Mobilité Hydrogène France regroupe toutes les informations nécessaires pour initier un projet de déploiement dans les conditions les plus optimales. Présenté comme un véritable outil pratique, il vise à répondre aux interrogations des différents porteurs de projet, le tout basé sur des retours d’expérience de projets européens et les témoignages d’acteurs précurseurs de la filière française.

Objectif : 1 000 bus hydrogène en 2024

Ce guide participe à la concrétisation du plan « 1 000 bus hydrogène » annoncé en juillet 2019 en marge des Journées Hydrogène dans les territoires. Cet objectif devrait être atteint notamment avec la mise en place d’un groupement de commandes piloté par l’UGAP, afin d’agréger les demandes pour baisser les coûts de la technologie et permettre un décollage de la filière. Une ambition en phase avec la législation qui fixe à 50 % le taux de renouvellement des flottes de bus et d’autocars avec des véhicules à faibles émissions (100 % en 2025). Cependant, il est absolument nécessaire que l’hydrogène utilisé soit produit de manière décarbonée afin d’améliorer significativement le bilan environnemental du secteur des transports. En effet, lorsque la production de l’hydrogène par électrolyse est associée à une production d’électricité renouvelable, les émissions de CO2 sont fortement réduites : – 88 % par rapport au diesel si l’électrolyse est alimentée par une énergie photovoltaïque et jusqu’à – 95 % avec une énergie éolienne.

Des déploiements en cours en Europe et en France

Si les bus à hydrogène sont une réalité dans de nombreuses villes à travers l’Europe, leur adoption est encore faible dans les réseaux de transport français même si ces derniers sont de plus en plus nombreux à se tourner vers cette technologie, aux côtés des bus électriques à batteries. « Les bus électriques à hydrogène sont une formidable opportunité d’améliorer la qualité de l’air dans nos villes et métropoles. Il est aujourd’hui possible pour les collectivités de s’engager de façon éclairée dans des projets de déploiement pour faire face aux enjeux de décarbonation des transports » souligne Valérie Bouillon-Delporte, Coordinatrice de Mobilité Hydrogène France et Vice-Présidente de l’Afhypac.

La France compte ainsi 17 bus à hydrogène aujourd’hui en service. 53 sont en cours de déploiement et plus de 300 en projet.

Batteries et hydrogène : deux technologies complémentaires pour les bus électriques

Joseph Beretta, Président de l’Avere-France, a d’ailleurs rappelé la complémentarité entre les bus électriques à batteries et les bus électriques à pile à hydrogène. « Chaque technologie a ses particularités qu’il y a lieu de prendre en considération car ce n’est pas juste le remplacement du bus mais bien la mise en place d’un système complet qu’il faut envisager : véhicule, mais aussi station d’avitaillement, et utilisation d’une énergie décarbonée ». Pour y arriver, il convient de viser à terme une égalisation des coûts entre 100 % électrique et hydrogène vert en veillant bien à ce que dans tous les cas, ces véhicules soient plus économiques que leurs équivalents thermiques.

Des gains économiques par rapport aux bus diesel mais une vision à long terme nécessaire pour améliorer la compétitivité des bus à hydrogène

Dans son rapport, l’Afhypac propose également une analyse du coût total de possession avec une vision intéressante à long terme mais dont l’exercice connait des biais. L’étude liste des critères ambitieux pour rendre les bus à hydrogène compétitifs, notamment la possibilité de pouvoir acquérir l’hydrogène au prix de 5 euros le kilo (coûts d’infrastructure et de carburant inclus, dit « prix H2 à la pompe ») et les économies d’échelle offertes par la massification du marché, au-delà de 100 véhicules mis en circulation chaque année.

Ces objectifs nous projettent sur un horizon à long terme, temporalité durant laquelle nous assisterons également à une baisse du TCO des bus électriques à batteries, en raison de la baisse des coûts de production des pack batteries apportés par la massification du marché, et aussi grâce aux retours d’expériences confirmant qu’un seul pack batteries est nécessaire tout au long de la vie du véhicule.

Une étude de terrain réalisée en 2019 par la Banque des territoires prenant en compte les contraintes réglementaires et techniques ainsi que la fiscalité applicable estime que les coûts d’acquisition des bus à hydrogène sont bien supérieurs à ceux des bus électriques à batteries (850 000 euros contre 365 000 euros), d’autant plus en l’absence de remontées des exploitants concernant les coûts énergétiques, la maintenance et surtout l’infrastructure d’avitaillement. Selon l’Afhypac, ces coûts sont très variables, notamment en fonction du contexte local et de la taille de la flotte envisagée.

Le différentiel à l’achat par rapport aux modèles diesel ou GNV est ensuite compensé par des coûts de roulage moindres : ainsi, selon le rapport « Global Energy Perspective 2019: Reference case » publié en janvier 2019 par McKinsey, les bus électriques à batteries sont compétitifs d’un point de vue TCO depuis 2018 par rapport au diesel. L’étude « Electric buses in cities » réalisée par Bloomberg New Energie Finance offre une analyse plus poussée de la comparaison du coût total de possession entre bus électriques et diesel en fonction du kilométrage annuel, de la capacité des batteries et du type de recharge. De manière générale, les bus électriques offrent un TCO plus compétitifs.

Si l’exercice présente les leviers d’action nécessaires à une montée en puissance des bus à hydrogène, la prise en compte des conditions de leur déploiement ainsi que de la temporalité des évolutions des différentes technologies classiques ou bas carbone sont essentiels pour se projeter dans le monde des bus électriques de demain.

Illustrations : Ile-de-France Mobilités / Afhypac / Bloomberg New Energy Finance