Autolib’ : que vont devenir les bornes de recharge ?

La décision était attendue : sept ans après le lancement du plus grand service d’autopartage électrique au monde, Autolib’ prendra prochainement fin. Au-delà du service de mobilité se pose la question de l’infrastructure : que vont devenir les 6 200 bornes de recharge déployées dans la centaine de communes équipées ?

Le syndicat Autolib’ Vélib’ Métropole vient de voter la résiliation du contrat de délégation de service public conclut en 2010 avec le groupe Bolloré. Cette décision va entrainer l’arrêt prochain du service de véhicules électriques en libre-service et modifier le paysage des 103 communes adhérentes.

Une activité en baisse

Lors du lancement d’Autolib’ en 2011, le service offrait une nouvelle façon de se mouvoir : connecté à son smartphone, chacun pouvait réserver une voiture et sa place de parking à l’arrivée. Un avantage non-négligeable au regard des difficultés rencontrées à l’époque pour stationner dans la capitale.

Autolib’ a connu une pointe d’activité en 2016 : cette année-là, 5 500 000 locations ont été effectuées par les 111 000 abonnés. L’ouverture de nouvelles stations et l’augmentation du nombre de véhicules disponibles ont permis d’attirer de nouveaux clients mais ont également eu des effets négatifs sur l’utilisation du service. Le bureau de recherche 6t, spécialisé dans l’étude des mobilités, a noté qu’à mesure que le nombre d’abonnés par voiture augmentait, la fréquence d’utilisation diminuait. En effet, certains quartiers étant très demandés aussi bien pour la prise que la dépose du véhicule, les utilisateurs ont peu à peu perdu le réflexe Autolib’, se sont désabonnés et se sont tournés vers d’autres services de mobilité.

Le bureau d’études a noté qu’au même moment, les frais d’investissement et de fonctionnement du service étaient en hausse, éloignant ainsi l’horizon de rentabilité.

Quid des stations de recharge ?

Avec la fermeture annoncée d’Autolib’, que vont devenir les véhicules et les bornes de recharge ? Les Bluecar seront récupérées par le concessionnaire pour être réutilisées dans ses autres services d’autopartage à Lyon et Bordeaux.

Concernant les bornes, ce sont des biens de retour : elles deviendront la propriété des communes adhérentes moyennant l’indemnisation de leur valeur nette comptable à la date d’expiration de la concession.

« C’est une chance ! Paris pourrait devenir la première ville du monde en termes de densité de bornes de recharge offertes aux particuliers » pour Nicolas Louvet, directeur du bureau d’études 6t.

A la sortie du conseil syndical du 21 juin, la Mairie de Paris Anne Hidalgo a en effet précisé que les 3 200 places de stationnement aujourd’hui dotées d’une borne de recharge Autolib’ bénéficieront aux utilisateurs de véhicules électriques. Ces points de charge viendront ainsi compléter le réseau Belib’, fort de ses 90 stations en voirie, et les nombreuses bornes disposées dans les parkings souterrains.

Les autres communes ne se sont pas encore prononcées sur le sort des bornes qu’elles récupèreront. Les collectivités pourront soit décider de les utiliser pour leur propre réseau de recharge, soit les démonter. A l’échelle du pays, un véhicule électrique sur quatre est immatriculé en Ile-de-France, où les possibilités de recharge à domicile sont réduites au regard de la typologie de l’habitat. Supprimer ces points de charge viendrait fortement impacter les capacités des Franciliens à se tourner vers une mobilité plus propre. Alors que la région est régulièrement soumise à des pics de pollution, les élus locaux doivent se saisir de cette opportunité pour promouvoir des déplacements moins polluants et engager leur territoire dans une transition écologique nécessaire.

Crédits : Autolib