L’Italie veut un million de voitures électriques d’ici 2022

Leader du Mouvement 5 étoiles, le Ministre du développement économique italien Luigi Di Maio a annoncé vouloir atteindre le million de véhicules électriques en circulation d’ici 2022. Un objectif résolument ambitieux qui ne pourra être atteint sans la mise en place d’un véritable plan pour accompagner la filière.

En annonçant l’objectif d’un million de véhicules électriques d’ici 2022, Luigi di Maio a créé un véritable séisme dans la sphère médiatique italienne.

L’objectif est-il réalisable ? C’est la question que se posent de nombreux médias italiens alors même que le Ministre n’a pas apporté de réponses claires quant aux moyens à mettre en œuvre pour tenir l’objectif. L’an dernier, seuls 4 800 véhicules rechargeables, dont 2 600 voitures électriques, ont été vendus sur un total de plus de deux millions de modèles neufs immatriculés.Avec moins de 10 000 unités en circulation, l’électrique ne représente aujourd’hui que 0,02 % des 38 millions de voitures circulant sur les routes italiennes.

A ces ventes mitigées s’ajoute la problématique des infrastructures de recharge. Selon les estimations, l’Italie ne compterait aujourd’hui qu’un peu plus de 2 800 points de charge publics. Un très gros retard par rapport aux pays européens. Pourtant, le gouvernement italien avait lancé dès 2014 un plan national pour les infrastructures de recharge. A l’époque, l’objectif était extrêmement ambitieux puisqu’il s’agissait de parvenir à déployer 90 000 points de charge publics à fin 2016 et 110 000 à fin 2018. Avec moins de 3 000 points de charge publics disponibles, seul un quarantième de l’objectif est aujourd’hui atteint…

Pour étoffer le maillage, des projets privés tentent bien d’émerger comme celui d’Enel qui souhaite investir 100 à 300 millions d’euros pour le déploiement de 14 000 points de charge sur le sol italien d’ici 2022. L’énergéticien italien se heurte toutefois au manque d’engagement de l’Etat. « Sans des directives claires du gouvernement et une vision claire, nous sommes laissés dans la jungle » regrette un responsable d’Enel qui appelle les autorités à préciser leur cap aux industriels et ainsi booster la filière.

Quid des aides à l’achat ?

Dernier frein évoqué : les aides à l’acquisition, aujourd’hui inexistantes dans le pays. « Si vous voulez un million de voitures électriques sur les routes italiennes dans les cinq prochaines années, la seule option est d’énormes avantages fiscaux comme la Norvège », a déclaré Gian Primo Quagliano, directeur de l’institut de recherche Promotor. Se basant sur une aide de l’ordre de 10 000 euros par voiture, le chercheur estime qu’il faudrait au bas mot débloquer dix milliards d’euros pour tenir l’objectif fixé par le Ministre.

La transition vers l’électrique pourrait toutefois s’accélérer grâce aux leviers que sont en train de mettre en place certaines collectivités. Alors que plusieurs d’entre elles ont déjà acté le déploiement de leurs propres réseaux de recharge, d’autres ont annoncé la fin du thermique. A Rome, le diesel sera interdit à compter de 2024 tandis qu’à Milan, des discussions sont en cours pour évoquer la sortie du gazole.

Crédits : Nissan