Enedis publie un rapport dédié au pilotage de la recharge

Après avoir dévoilé en novembre 2019 un premier rapport sur l’intégration de la mobilité électrique au sein des réseaux, Enedis publie un nouveau rapport consacré au pilotage de la recharge. L’occasion de revenir sur les différentes solutions techniques existantes et les avantages qu’elles procurent aux différents acteurs de l’écosystème.

Si les dernières études publiées par Enedis et RTE ont pu démontrer que la voiture électrique ne posait pas de difficultés particulières au niveau des réseaux, le développement du smart-charging n’est pas exclure. C’est ce que met en avant le dernier rapport d’Enedis qui rappelle à la fois les différentes solutions possibles pour les utilisateurs et liste les perspectives offertes pour la flexibilité du réseau.

Différents moyens pour piloter la recharge

Dans son rapport, Enedis détaille trois grands principes permettant d’optimiser la recharge.

Le premier, le plus courant, concerne ce que le gestionnaire de réseau appelle le « pilotage temporel ». Celui-ci consiste simplement à différer la charge pour bénéficier des tarifs heures creuses où le coût de l’énergie est généralement 25 % plus faible que celui pratiqué durant les heures pleines. Simple à mettre en œuvre, le dispositif peut être activé par l’utilisateur via une application ou l’ordinateur de nombreuses voitures électriques commercialisées sur le marché.

Le second porte sur le pilotage de la puissance. Ici, l’idée est de contrôler l’appel de puissance sur le réseau. Sur les grands sites, le système peut être piloté par un outil de supervision. L’intérêt est double puisqu’il permet à la fois de réduire l’impact de la charge sur le réseau mais aussi de limiter les coûts de raccordement et d’éviter de souscrire à un abonnement électrique de puissance supérieure.

Encore balbutiant en France, le dernier levier porte sur le V2x, un ensemble qui comprend à la fois le V2H, le V2B et le V2G. Consistant à utiliser les batteries des voitures électriques comme un réservoir tampon pour alimenter une maison, un immeuble ou le même le réseau, le V2x est aujourd’hui la technologie qui présente le plus de potentiel pour l’équilibre des réseaux.

Des économies à la clé pour l’utilisateur

Si elles dépendront bien évidemment des cas d’usage, les économies générées par le pilotage de la charge ne sont pas anodines. Pour une citadine électrique de la taille d’une ZOE, l’économie potentielle est chiffrée à 90 €/an. Pour un véhicule de type berline parcourant 15.000 km par an, le gain peut aller jusqu’à 318 €.

Les véhicules utilitaires, dont la recharge se déroule en grande partie la nuit, sont ceux qui bénéficient des gains les plus importants avec une économie de 430 € par an et par véhicule dans les conditions les plus favorables.

A l’inverse, les économies seront plus réduites pour les véhicules n’ayant pas la possibilité de recharger la nuit, notamment dans les entreprises. Selon le cas de figure, l’économie est estimée à 65 à 130 € par véhicule et par an.

Une opportunité pour le réseau

Pour Enedis, la démocratisation du pilotage de la charge peut être source de flexibilité pour le réseau. Plusieurs cas de figure sont évoqués tels que l’effacement, qui permet de couper temporairement la charge des voitures électriques pour soulager le réseau, ou l’utilisation du V2G pour stocker l’énergie lorsqu’il existe un surplus de production locale ou pour alimenter le réseau en cas de difficultés.

La technologie peut également aider le gestionnaire de réseaux en cas « d’incident d’exploitation non planifié » ou encore pour permettre de réduire ou de reporter certains travaux d’investissement, la charge pilotée permettant d’absorber les contraintes pouvant s’exercer ponctuellement sur le réseau. Une flexibilité qui est aussi source d’économies. Selon Enedis, la valeur créée par cette flexibilité lors d’un incident survenu sur le réseau pourrait aller de quelques dizaines d’euros à 200 € par véhicule et par an.

Une mobilisation nécessaire

Pour que cette flexibilité soit efficace, il faut toutefois qu’un grand nombre de véhicules électriques soit intégré à cet écosystème. Evalué entre 500 et 6500 véhicules, le besoin dépendra de la puissance nécessaire, du contexte local mais aussi du profil de charge des véhicules participants. Enedis estime toutefois que le système pourra devenir réalité à compter de 2025, date à laquelle le nombre de véhicules électriques sera suffisant pour permettre sa mise en oeuvre.

Il faudra néanmoins que les utilisateurs participent de manière active à cet écosystème. Dans son rapport, Enedis évoque ainsi la création d’un nouveau métier : celui d’agrégateur de flexibilité qui aura pour mission de prendre en charge ce pilotage entre le réseau et le parc de véhicules. Les constructeurs et fournisseurs d’énergie auront aussi un rôle à jouer pour inciter les utilisateurs à recourir au système mais aussi pour rassurer quant à l’impact du V2G sur la durée de vie des batteries, par exemple en offrant des garanties complémentaires ou en intégrant le V2G aux travaux d’optimisation des cycles de charge des véhicules.

Au cœur de cet écosystème nouveau, Enedis entend rester dans son rôle de facilitateur. D’une part en accompagnant les différents acteurs porteurs de projets sur les différentes solutions techniques existantes et d’autres part en fournissant la technologie de communication via son compteur Linky. En mesure de superviser et de mesurer la consommation en temps réel, celui-ci offrira aussi aux utilisateurs un système de reporting complet qui permettra de séparer l’énergie consommée de celle réinjectée dans le réseau.