Grenoble annonce une zone « basses émissions » pour les utilitaires et poids-lourds d’ici 2025

Suivant l’exemple de grandes villes européennes, la Métropole de Grenoble annonce la mise en place d’une zone basses émissions à destination des poids-lourds et utilitaires légers. Une mesure destinée à améliorer la qualité de l’air en favorisant le développement de véhicules propres.

Pénalisée par sa topographie défavorable à la dispersion atmosphérique, Grenoble-Alpes Métropole est régulièrement en proie à des pics de pollution et voit l’amélioration de la qualité de l’air comme un véritable enjeu de santé publique.

Pour ATMO Auvergne-Rhône-Alpes, l’observatoire de la qualité de l’air dans la région, plus des trois quarts des habitants de l’agglomération grenobloise sont exposés à un dépassement des valeurs recommandées par l’Organisation Mondiale de la Santé en matière de particules fines. Selon l’Institut pour l’Avancée des Biosciences, la pollution atmosphérique serait à l’origine de 3 à 7 % des décès survenant dans le bassin grenoblois, soit environ 114 décès chaque année. Une situation dont le trafic routier est en partie responsable. Selon les chiffres de la métropole, il représenterait 53 % des émissions d’oxydes d’azote du territoire. Les populations résidant en bordure immédiate des axes routiers sont évidemment les plus exposées.

Une Zone « basses émissions » pour les utilitaires et les poids lourds

Alors que le transport de marchandises représente une source importante de pollution de l’air, la Métropole entend élargir sa zone à circulation restreinte, déjà en place dans le centre-ville de Grenoble depuis le 1er janvier 2017. Attendue à compter de septembre 2019, celui-ci s’appliquera aux utilitaires et aux poids-lourds et concernera neuf communes du territoire : Échirolles, Eybens, Grenoble, La Tronche, Poisat, Pont-de-Claix, Saint-Égrève, Saint-Martin-d’Hères, Saint-Martin-le-Vinoux ainsi que le Domaine Universitaire.

Pour la Métropole, il s’agit de mettre en place le dispositif progressivement pour parvenir à créer une zone « basses émissions » n’autorisant à circuler que les véhicules les plus « propres » à horizon 2025. Cherchant à permettre aux professionnels d’anticiper, le plan métropolitain s’appuiera sur la classification nationale des vignettes Crit’Air avec différentes échéances :

  • 2019 : interdiction des vignettes Crit’Air 5
  • 2020 : interdiction des vignettes Crit’Air 4
  • 2022 : interdiction des vignettes Crit’Air 3
  • 2025 : interdiction des vignettes Crit’Air 2

Progressive, la mesure devrait aboutir à l’interdiction des véhicules diesel d’ici à 2025.

Pour les élus, l’objectif est en ligne avec le renouvellement de parc des professionnels. Selon une enquête menée en septembre dernier et reposant sur un relevé des plaques minéralogiques, la moyenne d’âge des véhicules de marchandises observés est de six ans. La Métropole estime que le taux de renouvellement des véhicules concernés sera relativement faible pour les premiers paliers avec 3 à 7 % en 2019 et 8 à 18 % en 2020.

Des aides pour passer à l’électrique

Pour accompagner les professionnels à se tourner vers des véhicules électriques, le Conseil Métropolitain a voté en novembre dernier la mise en place d’un dispositif incitatif. S’appliquant aux véhicules fonctionnant à l’électricité ou à l’hydrogène, celui-ci vise les petites et moyennes entreprises jusqu’à 250 salariés.

Au total, trois niveaux de financement, basés sur le PTAC des véhicules, sont proposés :

  • 3 000 euros pour un petit utilitaire d’un poids inférieur à 3,5 tonnes, ou 5 000 euros s’il roule à l’hydrogène
  • 6 000 euros pour un grand utilitaire/petit poids lourds supérieur ou égal à 3,5 tonnes et inférieur ou égal à 7 tonnes
  • 10 000 euros pour un poids-lourd au PTAC strictement supérieur à 7 tonnes

Financée à 30 % par l’Etat dans le cadre de la convention « ville respirable », cette aide est évidemment cumulable avec les dispositifs nationaux déjà en place tels que le bonus ou la prime à la conversion.

A son échelle, la Métropole entend également montrer l’exemple en entamant la conversion de sa flotte. Un budget d’environ 16 millions d’euros pourrait ainsi être voté pour favoriser l’acquisition de véhicules « propres » d’ici à 2025.

Quant aux bornes de recharge, la Métropole annonce redéployer cette année les quelques 160 bornes de recharge utilisées dans le cadre de l’expérimentation Cité Lib by Ha:mo, aujourd’hui arrêtée.

Changer les comportements

Outre ces mesures liées aux véhicules utilitaires et aux poids-lourds, la Métropole, associée à la SMTC, a adopté d’autres dispositifs pour la qualité de l’air tels que la généralisation des zones 30 km/h ou le développement des parkings-relais.

Pour favoriser le report modal, un vaste chantier de renforcement de l’offre de transports en commun a été engagé, ainsi que le développement d’un ensemble de services autour des mobilités douces.

Crédits : La Métro