Journées AFHYPAC « Hydrogène et Territoires » des 20 et 21 juin à Nantes : notre compte-rendu

L’AFHYPAC, spécialisée dans le développement de l’hydrogène dans les transports, a proposé aux acteurs du secteur deux journées de rencontres et d’échanges sur le sujet les 20 et 21 juin derniers à Nantes. Notre compte-rendu.

Aux côtés des infrastructures de recharge de véhicules électriques, les territoires peuvent se poser la question de l’intérêt à soutenir l’hydrogène pour le stockage de l’énergie ou la mobilité. Pour mieux comprendre le phénomène, l’Association française pour l’hydrogène et la pile à combustible (AFHYPAC) organisait à Nantes les 20 et 21 juin prochain la 5ème édition des journées « Hydrogène et Territoires ».

Dans le communiqué annonciateur de l’événement, l’association indiquait vouloir « faire le point sur les nouvelles initiatives et les différentes réalisations notamment un an après le lancement par le gouvernement de l’appel à projets “Territoires Hydrogène“ et la forte mobilisation qu’il a suscité“. L’Avere-France a compilé pour vous les grandes idées qui ont émané des nombreux et riches échanges auxquels elle a assisté.

Les territoires, acteurs majeurs du développement de la filière hydrogène dans les transports

Si certains pôles mondiaux – comme la Californie, le Japon ou l’Allemagne – se montrent très dynamiques sur la montée en puissance de l’hydrogène dans les transports, la France n’est pas en reste. Sur l’ensemble du territoire national, les projets de mobilité propre intégrant la pile à combustible se multiplient, souvent impulsés par des acteurs locaux qui tiennent à inclure leur démarche dans une dynamique « pilote ».

Entreprises, collectivités ou investisseurs profitent de la levée des freins techniques et n’hésitent plus à porter des projets ambitieux dans ce qu’ils appellent des “sweets spots“ (endroits idéaux) qui peuvent être de plusieurs natures. Le plus souvent, ils prennent appui sur un contexte territorial donné, à l’identité forte – VelHyre permet aux touristes de parcourir la vallée de la Loire grâce à des vélos à assistance électrique – ou en cours d’affirmation – dans les aéroports de la Région Occitanie, HyPort vise à intégrer l’hydrogène aux mouvements qui ont lieu au sol.

La technologie s’intègre par ailleurs à une grande variété d’usages. Citons d’abord les flottes professionnelles captives : le groupe La Poste a enrichi son parc automobile de 19 utilitaires électriques équipés d’une pile à combustible. Le transport collectif lui aussi intègre lui aussi l’hydrogène via des initiatives publiques, comme la navette fluviale Navibus à Nantes, mais aussi privées, comme la flotte de taxis hydrogène du service Hype.

Le partenariat et la communication entre acteurs comme clés du succès

Bien que très diverses, les initiatives associant hydrogène et transport ont pourtant toutes un point commun : elles reposent sur de solides partenariats entre acteurs implantés localement. Présenté comme capital, cet ancrage territorial conditionne à la fois la mise en œuvre concrète des projets, mais aussi leur éventuel succès, lui-même dépendant de l’acceptabilité sociale de la technologie.

La très forte dimension partenariale des projets s’explique également par le fait que ces derniers mobilisent toujours une grande variété d’acteurs dotés de multiples compétences : décideurs avant tout, mais aussi ingénieurs, financeurs, chimistes, informaticiens, spécialistes des risques, développeurs fonciers, fournisseurs d’énergie, et parfois même sociologues.

Cette communication horizontale ne peut cependant être assurée que par un glissement vertical de l’information entre porteurs de projets et autorités détentrices d’un pouvoir décisionnaire parce qu’elles réglementent et/ou financent. Aussi déterminante soit-elle dans la promotion d’initiatives, la forte implication des nouvelles Régions est à replacer dans un contexte d’accompagnement national multicanal – ADEME, BPI, Caisse des Dépôts et Consignations, État via le Programme d’Investissements d’Avenir ou l’appel à projets « Territoires hydrogène » – et de soutien communautaire croissant – plateforme « Fuel Cells and Hydrogen Joint Undertaking », offre de financement « Life », projet de coopération transfrontalière « INTERREG ».

Cette absence de guichet unique, regrettée par une partie de la filière, fait de la clarté et de la lisibilité des priorités pour la filière. À ce titre, plusieurs propositions d’améliorations et de simplifications ont émergé à l’occasion des discussions : adoption plus fréquente du mode projet dans l’administration, pour éviter les lenteurs de décision, allègement de normes de sécurité– ce qui n’est pas souvent le cas aux yeux des pouvoirs publics . c’est ce qui engendre dans la filière un certain nombre de questionnements. Face à des projets d’une grande complexité, les décideurs souhaitent s’unir.

Une montée en puissance par le bas qui doit être appuyée par le haut

Plus que jamais d’actualité, le développement de la technologie hydrogène dans le secteur des transports se fait par le biais d’initiatives venues du bas. Ce fonctionnement a beau être vertueux pour les territoires concernés, il produit une carte de France contrastée, sur laquelle émergent des clusters innovants – les Régions Grand-Est, Occitanie, Normandie et Pays-de-la-Loire – mais demeurent des zones encore non engagées dans la dynamique.

Déterminée à ce que le pays prenne le leadership européen du gaz propre et s’affirme comme un acteur incontournable de la filière à l’échelle mondiale, l’AFHYPAC profite de son statut de fédération professionnelle pour collaborer étroitement avec l’administration, avec un double objectif à la fois juridique – obtenir une législation et une réglementation encourageantes voire incitatives – et financier – s’assurer du déblocage de fonds réservés aux appels à projets dans lesquels l’hydrogène occuperait une place centrale.

À ce titre, l’AFHYPAC salue les décisions prises par le gouvernement sur la période 2012-2017 et annonce qu’elle maintiendra son niveau d’exigence vis-à-vis de la nouvelle équipe au pouvoir. Outre ses échanges avec la Direction Générale Énergie-Climat rattachée au Ministère de la Transition écologique et solidaire, elle a profité du séminaire nantais pour lancer un « Club des élus », pendant politique du « Conseil de l’hydrogène » mis en place en début d’année et où siègent des industriels.

Selon Philippe Boucly, vice-président de l’association, l’initiative vise à permettre aux décideurs “de partager les expériences et d’échanger sur les freins au déploiement de l’hydrogène, mais aussi les solutions“. Dans un courrier adressé dernièrement au Ministre Hulot, elle s’est prononcée en faveur de la création d’un fonds national “mobilité propre“ qui comprendrait un volet hydrogène, sur le modèle de ce qui a été initié en mars dernier au Royaume-Uni.

Pour accroître la coopération entre acteurs, l’AFHYPAC souhaite enfin lancer dans le cadre du plan national “Nouvelle France industrielle“ une initiative stratégique baptisée “France Hydrogène“ qui permettrait aux industriels, aux pouvoirs publics ainsi qu’aux chercheurs de mettre au point des projets susceptibles de rendre la filière plus compétitive à l’international. Soumises à une succession d’arbitrages politiques, la DGEC se montre pour l’instant prudente : aucun nouvel appel à projets ne devrait être lancé avant 2018.

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