La France précise sa stratégie autour du véhicule autonome

En charge de la stratégie pour le développement des véhicules autonomes dans l’hexagone, l’ancienne Ministre Anne-Marie Idrac a présenté un rapport listant dix actions prioritaires à mettre en oeuvre pour accompagner la filière.

Lancé suite à une consultation nationale, le rapport aborde les différents enjeux liés à l’émergence des véhicules autonomes et dresse une feuille de route censée faciliter leur circulation en France à compter de 2020-2022.

Un cadre législatif à définir

Difficile de promouvoir une technologie si aucune réglementation n’est établie pour encadrer son fonctionnement. Le rapport souhaite ainsi faire évoluer le cadre législatif à travers la mise en place de groupes de travail qui, encadrés par le Ministère de la transition énergétique et solidaire, établiront d’ici à la fin de l’année une liste de propositions pour adapter le code de la route à cette nouvelle typologie de véhicules.

Il s’agit également de définir les responsabilités de chacun et d’aborder la formation des conducteurs lors de l’achat d’un véhicule doté de technologies de délégation de la conduite.

Une réglementation à mettre en œuvre

A l’échelle nationale et aussi en coopération avec les instances européennes et internationales, la France souhaite encourager des règles communes pour l’homologation et l’identification des véhicules autonomes.

Vis-à-vis des forces de l’ordre, il s’agit notamment d’identifier facilement les modèles en mode autonome et aussi de rendre obligatoire des enregistreurs de données afin de faciliter l’identification des responsabilités de chacun en cas d’accident.

En termes d’homologation, la France prévoit d’être proactif en proposant des règles communes au sein de l’Union et en définissant des règles spécifiques pour les transports publics pour la fin de l’année.

Un enjeu de cybersécurité

Avec l’essor des véhicules connectés se pose la question de la sécurité. Principale crainte des autorités : des attaques informatiques pouvant affecter le fonctionnement des véhicules autonomes et, de fait, la sécurité des personnes.

Souhaitant une nouvelle fois engager les réflexions à l’échelle européenne, la France propose de mettre en place une plateforme d’échange dédiée au secteur automobile pour permettre d’identifier les menaces et les conduites à tenir en cas de cyber-attaques.

Des données partagées

D’ici 2019, le gouvernement souhaite également se concentrer sur un autre sujet majeur : la sécurisation et le partage des données générées par les véhicules.

Objectif : améliorer la sécurité routière, la gestion des flux et l’entretien des infrastructures, et aussi encourager le développement de nouveaux services de mobilité. Des données dont les modalités d’accès devront évidemment être clarifiées, tant sur le plan économique que sécuritaire. Un point auquel pourrait répondre la future loi d’orientation des mobilités.

Un plan pour des infrastructures connectées

La voiture autonome pourra analyser son environnement mais aussi « communiquer » avec son environnement. Une connectivité V2I qui doit lui permettre de plus facilement adapter son comportement en complétant les données recueillies par l’ensemble de ses capteurs par celles communiquées par différentes infrastructures, et notamment la signalisation.

Au quatrième trimestre de cette année, une étude sera lancée pour définir les axes routiers sur lesquels il est le plus pertinent de déployer cette technologie V2I, qui fera probablement appel à la 5G pour communiquer. Pour le gouvernement, il s’agit notamment de permettre la détection d’un chantier ou d’un péage afin d’organiser une reprise en main par le conducteur ou un passage automatisé de la zone selon le cas de figure.

Une cartographie de pointe

Pas de cécité possible pour les voitures autonomes qui devront faire appel à des outils cartographiques de pointe pour évoluer dans leur environnement.

Visant à compléter les informations collectées par les capteurs, voire à remplacer temporairement un système défaillant, cette cartographie de précision fera l’objet de travaux à compter du troisième trimestre pour définir les zones prioritaires sur le réseau routier.

Un observatoire dédié à « l’acceptabilité de la technologie »

Quid de l’usager ? Pour les pouvoirs publics, « l’acceptabilité du véhicule automatisé conditionne son développement » et ne doit pas « être considérée comme acquise ». Le rapport fait notamment état de « défaut de familiarisation » déjà existants sur des technologies de délégation de conduite chez certains conducteurs. Un phénomène qui pourrait s’accentuer sur des technologies autonomes encore plus poussées.

Pour analyser le comportement des usagers et apporter des solutions, le gouvernement prévoit de lancer un « observatoire des perceptions et de l’acceptabilité ». Un organisme qui sera chargé de réaliser des enquêtes régulières auprès des automobilistes pour mieux appréhender la perception et la prise en main de la technologie.

Une analyse sur les impacts sur la filière de l’emploi

Comme toute filière émergente, le véhicule autonome aura des conséquences sur le secteur de l’emploi, qu’il s’agisse des 700 000 emplois liés au secteur du transport ou aux 500 000 dédiés à la filière automobile.

Selon le rapport du gouvernement, l’automatisation devrait conduire à des « transferts de qualifications et d’emplois » et offrir « de nouvelles compétences, probablement plus qualifiées, à l’interface des transports et du numérique ».

Il s’agit donc d’anticiper l’évolution de ces différents métiers. Des travaux qui seront menés par les organismes de formation professionnelle et le Ministère de l’éducation.

Un soutien aux expérimentations

Via le programme d’investissement d’avenir (PIA), des fonds seront mobilisés pour structurer un programme national d’expérimentation qui accompagnera tous types d’usage, du véhicule particulier au transport public en passant par le fret et la logistique. Des projets qui impliqueront la filière industrielle mais aussi les territoires.