L’environnement à la table des Assises nationales de la Mobilité

Les Assises Nationales de la Mobilité se sont ouvertes ce mardi 19 septembre pour trois mois. Les résultats de cette grande consultation nationale permettront d’alimenter la future loi d’orientation sur les mobilités qui sera présentée devant le Parlement au premier semestre 2018. La transition vers les mobilités propres est un des six grands thèmes choisis par le gouvernement.

Le Premier ministre Edouard Philippe a fait lui-même le déplacement ce mercredi 19 décembre au Palais Brongniart pour ouvrir les Assises nationales de la Mobilité devant deux salles combles (le grand Auditorium de 600 places de La Bourse ne suffisant pas).

Portées par Elisabeth Borne, ministre des Transports, qui a présenté l’ensemble des enjeux et des priorités du gouvernement, ces Assises se dérouleront sur trois mois et seront conclues par une réunion début décembre à Paris. Les résultats de cette grande consultation permettront d’alimenter la future loi d’orientation des mobilités. Elle sera présentée au Parlement au « premier semestre 2018 », le Premier ministre espérant que ce soit « le plus tôt » possible en début d’année prochaine.

Priorité à la mobilité du quotidien, aux ruptures technologiques et à la mobilité propre

Le gouvernement veut clairement donner la priorité à l’amélioration des transports du quotidien qui concernent la majorité des Français et faire une pause dans la réalisation des grands projets d’infrastructures. Il manque entre 7 et 10 milliards d’euros sur cinq ans pour financer la politique telle que conçue jusqu’à présent : il est donc, pour l’Etat, obligatoire d’en changer.

Edouard Philippe résume ce besoin de changement en une seule question : « De quels transports les Français auront-ils besoin d’ici 10 à 20 ans ? » Le chef du gouvernement cite trois premiers besoins « criants » : la réduction du temps de transport quotidien des Français, le besoin d’équité en développant les transports publics dans les territoires qui en sont dépourvus, et le besoin d’agilité, c’est-à-dire la possibilité de voyager « porte-à-porte » le plus simplement possible. En combinant pourquoi pas plusieurs solutions de mobilité pilotées par un simple téléphone.

Edouard Philippe aux Assises de la Mobilité

Pour répondre à ces besoins, le « défi des défis » c’est celui de la « sobriété en carbone, en émissions polluantes ». « Il faut réduire la pollution due aux transports car c’est un enjeu majeur de santé publique et un engagement de l’Etat qui vise la neutralité carbone à l’horizon 2050 ». Pour cela, le gouvernement sera là pour « aider les Français à modifier leurs habitudes et leurs comportements », précise le Premier ministre. « C’est une révolution industrielle (…), celle d’un transport disponible, accessible, multiforme, multi-prix aussi, souple, rapide, économe ».

Les mobilités plus propres forment donc naturellement le premier des six axes de travail de l’Etat afin de parvenir à « réduire les émissions (…) , mais aussi (…) optimiser l’utilisation des véhicules existants grâce au partage ou à la rationalisation des trajets. »

Si les principes vertueux du changement sont bien là et les objectifs fixés porteurs pour développer les mobilités propres, le discours du Premier ministre n’a pas abordé frontalement le thème de l’électro-mobilité.

L’intervention de la ministre des Transports Elisabeth Borne a été un peu plus démonstrative même si le véhicule électrique n’a non plus jamais été cité. « Il est grand temps de mettre à jour les priorités fixées par la Loi Loti de 1982 » pour « restaurer l’équilibre et l’efficacité des transports classiques, et (…) développer de nouvelles solutions innovantes : covoiturage, vélos en libre- service, véhicule autonome… ». Les Assises doivent « approfondir plusieurs ruptures technologiques » pour « assurer le développement de nouvelles mobilités » et « réduire les émissions de polluants atmosphériques et de gaz à effet de serre ». Pour la Ministre, il faut « sortir du véhicule thermique ». Une position forte mais nécessaire pour répondre à l’objectif de réduction de 70% des émissions de GES dans les transports d’ici 2050 (Stratégie nationale bas-carbone). « Ma feuille de route repose sur deux axes : redonner aux mobilités traditionnelles un modèle soutenable (…), et assurer le développement des nouvelles solutions de mobilités ». Elisabeth Borne a notamment rappelé que les dispositifs incitatifs mis en place par le gouvernement comme du plan climat annoncé par Nicolas Hulot allaient dans le sens de la transition vers les véhicules propres.

En guise de conclusion, la ministre estime que « nous aurons réussi la révolution des mobilités si nous avons accéléré le renouvellement des parcs et véhicules les plus polluants en accompagnant les plus modestes » et « si nous sommes les premiers à développer les véhicules autonomes comme solution concrète pour desservir les territoires périurbains ou ruraux ».

Une grande consultation en ligne et dans les territoires

En termes techniques et d’organisation, la grande consultation s’appuie sur deux dispositifs. Une plateforme en ligne dédiée http://www.assisesdelamobilite.gouv.fr/ accessible pendant trois mois à tous par simple inscription, et l’organisation de nombreux ateliers : des ateliers territoriaux dans une quinzaine de lieux, organisés sous forme de réunions publiques ouvertes aux citoyens, et des ateliers nationaux (thématiques et « Innovation ») réservés quant à eux aux experts, élus, parlementaires, ONG et acteurs de la filière.

Sur le site web, les internautes sont invités à contribuer au débat en répondant à différentes questions sur les six grands thèmes arrêtés par le Gouvernement, les mêmes thèmes qui structureront les ateliers :

– l’environnement : des mobilités plus propres pour réduire l’empreinte environnementale des déplacements ;

– le numérique : des mobilités plus connectées pour accélérer la révolution numérique dans les transports afin d’anticiper les mutations de la mobilité ;

– les fractures sociales et territoriales – des mobilités plus solidaires pour réduire les fractures territoriales, pour faire de la mobilité physique un moteur de mobilité sociale ;

– l’intermodalité, des mobilités cohérentes et complémentaires pour mieux articuler toutes les offres pour les rendre plus attractives et offrir une vraie alternative à la possession d’un véhicule individuel ;

– la sécurité et la sûreté – des mobilités plus sûres pour réduire les accidents et les risques liés aux mobilités

– la gouvernance et le financement – des mobilités plus soutenables pour équilibrer les modèles économiques, dégager des ressources financières à la hauteur des besoins et rendre la gouvernance plus efficace.

Dans la soirée, le lancement des Assises s’est poursuivi par une première série d’ateliers sur les six thèmes prédéfinis. Chaque atelier a accueilli une cinquantaine d’acteurs de la mobilité qui ont pu plancher et voter sur des propositions de solutions qui seront ajoutées dans les prochains jours sur le site web dédié.

L’Avere-France, associé aux grands acteurs de la mobilité de demain, a profité de l’événement pour remettre en mains propres à la Ministre des Transports une lettre officielle commune de demande de création d’un groupe de travail « Objectif 2040 ». L’objectif est d’organiser l’ensemble des parties prenantes suite à l’annonce du plan climat par Nicolas Hulot.