L’Ile-de-France lance un grand plan pour le vélo. A quand le tour du scooter électrique ?

L’Ile-de-France a dévoilé un plan sur cinq ans ambitieux pour soutenir la pratique quotidienne du vélo, notamment électrique. Reste un parent pauvre des politiques de transport : le deux-roues électrique, pourtant plébiscité par les usagers des systèmes de partage. La conversion du parc de scooters thermiques à l’électrique dépend majoritairement de l’installation de bornes de recharge sur voirie, qui nécessite un financement de la part des collectivités territoriales.

La Région Ile-de-France va investir 100 millions d’euros sur les cinq prochaines années pour développer l’usage du vélo. L’objectif affiché est de faire passer le nombre de déplacements quotidiens de 650 000 actuellement à 2 millions en 2021. Le vélo ne représente actuellement qu’à peine 1,6% des déplacements en Ile-de-France, selon l’enquête globale transport de 2010.

Pour inciter les habitats en enfourcher leur vélo en semaine et pas seulement le weekend, la région a décidé de changer de recette. « Il s’agit de passer d’une logique de guichet (à subventions) à une logique de projets de territoire », explique Stéphane Beaudet, vice-président en charge de transports. La Région concentrera donc ses investissements sur la création de continuités entre les réseaux existants en sécurisant les trajets à vélo (aménagements et signalisation adaptées), en informant davantage et en créant des espaces de stationnement supplémentaires.

Le conseil régional, associé au STIF, souhaite également soutenir l’utilisation des vélos à assistance électrique en lançant un service de location longue durée. Cette formule est de plus en plus plébiscitée par les acteurs publics qui y voient une solution moins-disante et plus ciblée qu’un système de vélos en libre service.

Le scooter électrique, tributaire des bornes publiques pour se développer

L’annonce de ce nouveau plan s’est fait concomitamment avec la présentation de l’offre Smoovengo pour Vélib’, dont l’arrivée à Paris et d’autres collectivités de l’Ile-de-France se fera progressivement cette année. Le célèbre service qui compte 300 000 abonnés a largement permis de démocratiser l’usage des vélos et de partager l’espace public. Peut-on espérer le même succès pour le scooter électrique ?

Car le remplacement des scooters thermiques par de l’électrique ne pourra se faire sans le déploiement de bornes de recharge sur voirie. 2 scootéristes sur 3 n’ont pas de solution de stationnement à domicile, c’est autant d’utilisateurs qui dépendent uniquement des infrastructures publiques pour faire le plein. Les enjeux sont pourtant immenses.

L’Ile-de-France compte quelque 570 000 déplacements effectués en deux-roues (1,4% des déplacements des Franciliens). Un chiffre qui tient largement la comparaison avec le vélo et qui devrait certainement augmenter au vu des difficultés de circulation en voiture en région parisienne. Or, les scooters thermiques représentent 50% des émissions de composés organiques volatiles en Ile-de-France aux conséquences néfastes pour la santé et sont une source quotidienne de nuisance sonore.

Silencieux et zéro émission à l’usage, le deux-roues électrique influe directement sur la qualité de l’air et de vie des habitants. Paris découvre avec succès ses avantages, puisque Cityscoot compte déjà 30 000 abonnés et s’installe en banlieue, tandis que COUP, la filiale de Bosch, débarquera à l’été.

S’il est probable qu’à l’image de Vélib’, leur succès porte celui du scooter électrique en général, ces deux services se déploient en free floating, c’est-à-dire sans infrastructures associées. Cela cache ainsi l’absence de solutions de recharge en nombre pour les scooters à Paris et en Ile-de-France, surtout sur les parkings deux-roues. L’Avere-France appelle donc les collectivités à financer l’installation de bornes de recharge normale pour que les Franciliens puissent aussi avoir le choix de laisser leur voiture au garage pour partir en deux-roues électrique.

Illustration : © Cityscoot