Plan Climat 2017-2022 : Nicolas Hulot veut en finir avec l’essence et le diesel en 2040

Le Ministre de la Transition écologique et solidaire Nicolas Hulot a dévoilé son “Plan Climat“, véritable feuille de route environnementale du quinquennat. En matière de mobilité, plusieurs objectifs ont été fixés : alignement des fiscalités essence-diesel, mais surtout la fin de la commercialisation des véhicules thermiques en 2040. Cette annonce atteste de l’ambition française sur le véhicule propre, ce dont se félicite l’Avere-France. Le détail des mesures qui permettront d’atteindre cet objectif est maintenant attendu.

« Quand la contrainte est actée, on fait souvent mieux et ça pousse à la créativité et à l’innovation » : c’est dans cet état d’esprit que Nicolas Hulot a présenté le 6 juillet son « Plan Climat ». Véritable feuille de route environnementale du quinquennat, il comprend de très nombreuses annonces toutes tournées vers même objectif : engager la France vers la neutralité carbone.

Appliquée à l’enjeu des mobilités, la tenue d’un tel cap signifierait l’électrification progressive du parc de véhicules en circulation… et la fin de l’essence comme du diesel. Prenant modèle sur les exemples indien, néerlandais ou même norvégien – pays dans lequel 42% des ventes de véhicules de juin concernaient des modèles électriques – la France s’est à son tour engagée dans cette voie.

« Prévisibilité et irréversibilité », la double logique du calendrier ministériel

  • À l’automne

Afin d’accélérer à très court terme l’électrification des transports, le gouvernement « étudiera les modalités de la mise en place d’une prime à la transition pour remplacer les véhicules qui ne sont pas éligibles à la vignette Crit’air (c’est-à-dire les véhicules essence d’avant 1997 et les diesels d’avant 2001) par un véhicule neuf ou d’occasion, moins polluant et plus économe en carburant ». Dans l’hypothèse d’un arbitrage favorable du Ministère de l’Action et des Comptes publics, une telle mesure sera arrêtée « à l’automne dans le cadre du projet de loi de finances ».

Il s’agit là d’un bon dispositif qui non seulement permettrait de réduire progressivement la pollution de l’air, mais aussi de stimuler un marché électrique d’occasion en plein essor. Toutefois, le détail des modalités de mise en œuvre sera essentiel. Le curseur d’âge des véhicules à détruire pour être éligible semble notamment trop bas pour orienter des ménages modestes vers des véhicules récents. Le risque pèse donc que la prime ne génère aucun coup de pouce sur l’occasion électrique, comme ce qui a pu observer sur la prime de 500 € déjà existante.

À la rentrée, Nicolas Hulot prévoit également de travailler à la révision de la directive européenne sur les émissions des véhicules pour lui donner des objectifs ambitieux. Là aussi une bonne nouvelle, qui permettra de donner des signaux d’investissement stables aux constructeurs automobiles.

  • Au cours du quinquennat

Encore bénéficiaire d’une taxe avantageuse, le diesel verra « au cours du quinquennat » sa fiscalité alignée sur celle de l’essence. L’objectif d’une telle décision serait de décourager définitivement l’achat de véhicules ayant une grande responsabilité dans la pollution urbaine de l’air du fait des particules fines et des oxydes d’azote qu’ils émettent.

  • D’ici 2040

À plus long terme, l’objectif du gouvernement est de mettre « fin à la vente de voitures essence ou diesel ». Afin que les constructeurs puissent disposer d’une visibilité adéquate, c’est l’année 2040 qui a été choisie comme horizon pour l’application de la mesure. Cependant, Nicolas Hulot n’hésite pas à témoigner dès à présent sa confiance à la filière, qui a selon lui « dans [ses] cartons de quoi alimenter et incarner cette promesse ».

Nous ne pouvons que nous réjouir de cette annonce, qui a le mérite de prendre en compte la notion d’investissement sur les chaînes de production des constructeurs, ce qui pourra leur permettre d’orienter leurs investissements vers des technologies propres.

L’accompagnement public, une très forte attente de la filière

Cette « dynamique d’électrification » est pourtant bel et bien enclenchée, comme l’affirme François Roudier, directeur de la communication du Comité des constructeurs français d’automobiles (CCFA). Cependant, la filière « a besoin du soutien des pouvoirs publics pour amorcer le marché, notamment du maintien du bonus électrique tel qu’il est ».

Les politiques d’incitations financières à l’achat de véhicules propres seront en effet décisives et les arbitrages sur le dispositif bonus malus, attendus à la fin de l’été, devront refléter cet engagement du gouvernement. Par ailleurs, la filière ne sera rassurée qu’à condition qu’une grande attention soit accordée à la méthode utilisée [pour] mettre en œuvre les objectifs gouvernementaux. À ce titre, l’implication « de toutes les parties prenantes » pour « définir des étapes, avec des objectifs intermédiaires sur la qualité de l’air, des émissions de CO2, et l’indépendance énergétique » est nécessaire.

Deux chantiers majeurs apparaissent alors. D’une part, les constructeurs doivent s’impliquer sur la transition, et c’est en bonne voie : l’autonomie des véhicules a considérablement augmenté – Renault a par exemple quasi-doublé l’autonomie de sa Zoé, et Opel a annoncé 500 km d’autonomie pour la nouvelle Ampera-e. L’électrique prend aussi de plus en plus de place dans les gammes des marques : PSA a promis que 80% de ses modèles seront disponibles en version propre à l’horizon 2023, et Volvo vient d’annoncer qu’à compter de 2019, elle ne développerait plus de modèles thermiques.

Les pouvoirs publics doivent eux aussi prendre leur part dans le mouvement en poursuivant le déploiement d’infrastructures de recharge publiques et privées, notamment à domicile et sur le lieu de travail. Dès lors, le maintien du programme Advenir après 2018 et la création de nouveau dispositifs de subvention aux bornes puliques sont essentiels. C’est sur ces éléments que l’Avere-France attend désormais des précisions.