Règlement CO2 : vers un sursis pour les véhicules thermiques au-delà de 2035 ?

Les choses semblaient entendues : le mois dernier, l’Union européenne votait l’interdiction de vente des véhicules légers thermiques neufs à partir de 2035. Pourtant, le Conseil de l’Union européenne a de nouveau voté ce mardi 28 mars 2023 le règlement fixant cette interdiction. Une exception pourrait être faite pour les véhicules utilisant des carburants de synthèse.

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Volte-face de l’Allemagne

« Nous avons trouvé un accord avec l’Allemagne sur l’utilisation future des carburants de synthèse dans les voitures », a écrit sur Twitter ce samedi le commissaire européen à l’Environnement Frans Timmermans. « Les véhicules équipés d’un moteur à combustion pourront être immatriculés après 2035 s’ils utilisent exclusivement des carburants neutres en termes d’émissions de CO2 », a complété le ministre allemand des Transports, Volker Wissing. 

Que s’est-il passé, alors que le règlement était voté, que les constructeurs de véhicules investissent massivement « dans » l’électrique et que les vertus environnementales du véhicule électrique, par rapport au véhicule thermique, sont sans équivoques ? Berlin, à travers une initiative des libéraux du FDP, a fait volte-face. L’Allemagne a effectivement réclamé de la Commission européenne qu’elle présente une proposition afin que les véhicules utilisant des carburants de synthèse soient exemptés d’interdiction de vente après 2035.

Ce mardi 28 mars 2023, le Conseil de l’Union européenne a donc de nouveau voté le règlement, fixant bel et bien la fin de ventes des véhicules légers thermiques neufs à 2035. La voie reste cependant ouverte à la création d’une proposition séparée, ajoutant une exception pour les véhicules utilisant des carburants de synthèse. Celle-ci devrait être validée (ou non) d’ici l’automne 2024.

Utilisation des carburants de synthèse… encore inexistants

Les carburants de synthèse, aussi appelés « e-fuels », sont obtenus sans pétrole, à la suite de procédés chimiques et à partir de matières premières contenant du carbone et de l’hydrogène. Selon l’ONG Transport & Environnement, ces carburants permettraient de réduire de seulement 40 % les émissions de CO2 par rapport à un véhicule thermique utilisant de l’essence ou du diesel. En comparaison, en France, sur l’ensemble de son cycle de vie, un véhicule électrique émet environ 70 % d’émissions de CO2 de moins qu’un modèle thermique équivalent.

Autre point de vigilance, pour les « e-fuels » (qui sont par ailleurs toujours au stade du développement) : leur prix. Transport & Environnement estime qu’un véhicule utilisant des carburants de synthèse coûterait, en utilisation sur 5 ans, 10 000 euros plus cher qu’une voiture électrique.

Une position française toujours favorable à 2035

Il y a quelques jours, Bruno Le Maire, ministre de l’Economie, ainsi que Clément Beaune, ministre délégué chargé des Transports, ont affirmé leur point de vue, bien différent de celui de l’Allemagne. Le premier a même dit être prêt à « aller au bras de fer » avec l’Allemagne sur ce sujet « parce que c’est une faute environnementale ». « Je pense aussi que c’est une faute au niveau économique parce que nous avons cinq à dix ans de retard sur le véhicule électrique par rapport à la Chine, il faut mettre les bouchées doubles » a ajouté Bruno Le Maire. Une position que l’Avere-France, évidemment, soutient.

L’industrie automobile a largement anticipé la réglementation européenne et a investi massivement dans les véhicules électriques. L’infrastructure de recharge continue par ailleurs de se développer.
Clément Molizon Délégué général de l’Avere-France